Vous désinstallez une appli sur votre appareil mobile, puis avez l’impression de voir constamment de la publicité qui en chante les louanges ? Selon une histoire faisant surface en ligne cette semaine, ce genre de phénomène ne s’avérerait peut-être ni fortuit ni le fruit de la psychologie. Il semblerait que certains producteurs de logiciels savent, en effet, quand vous désinstallez leur appli, une réalité qui a de quoi en surprendre plus d’un.
Selon un article de Radio-Canada (lequel reprend une nouvelle de Bloomberg Businessweek), certaines entreprises distribuant des applis en ligne disposeraient de méthodes pour savoir quels usagers désinstallent leurs applis.
Comme chacun le sait, la formule largement adoptée dans le marché des applis destinées à des appareils mobiles est de permettre aux usagers de télécharger et d’essayer gratuitement la vaste majorité des applis. Certains seront alors convaincus par ce qu’ils verront, d’autres pas. Les insatisfaits ont alors le loisir de simplement abandonner ces nouvelles applis (au fond d’un tiroir virtuel, sur leur appareil), ou encore, de carrément les désinstaller. Désinstaller les applis obsolètes ou inutiles aura alors l’avantage de libérer de l’espace sur l’appareil mobile en question, etc.
Nouveauté dont on apprenait l’existence cette semaine, certains producteurs d’applis dotent leurs applis de mouchards destinés à connaître quels usagers les désinstallent. Ainsi, il semblerait que, contrairement à ce que plusieurs pouvaient présumer, certains gestes sur nos appareils mobiles sont épiés à distance, jusqu’à nos décisions des applis à mettre au rebut.
Le hic avec cette pratique est notamment qu’une fois qu’un distributeur d’appli apprend l’identité d’usagers ayant désinstallé une appli donnée, il lui devient alors tout à fait possible de les cibler, y compris, potentiellement, afin de les convaincre de la réinstaller. Bien qu’on ne sache pas si c’est effectivement le cas, la possibilité existe, pas de doute.
C’est d’ailleurs là une pratique que ni Apple (propriétaire du système d’exploitation iOS) ni Google (chien de garde du système Android) ne permettent directement, les distributeurs le faisant devant donc le faire indirectement, de façon subreptice. En pratique, on y parviendrait en recevant périodiquement des signaux de chaque appareil sur lequel une application ainsi configurée est installée, une pratique contraire aux politiques d’Apple et de Google.
Selon Bloomberg Businessweek (co-responsable de la nouvelle), au moins cinq fournisseurs de services destinés aux producteurs de logiciels (pour suivre leurs usagers) s’adonneraient à de telles pratiques : Adjust, AppsFlyer, CleverTap, Localytics et MoEngage.
À moins de consentement éclairé pour le permettre, il parait difficile de justifier une telle pratique, puisque l’usager moyen est (on peut le croire) en droit de s’attendre à ce qu’une entreprise cesse d’utiliser ses renseignements personnels une fois qu’il a cessé d’utiliser une appli. En pratique, il y a quelque chose de perturbant pour l’usager moyen de savoir qu’on traque jusqu’à sa désinstallation des (souvent nombreuses) applis qu’il choisit d’abandonner au fil du temps.
Comme quoi, même les choix des usagers de mettre de côté ou d’abandonner telle ou telle appli peuvent intéresser les entreprises productrices d’applis. Je suppose que la question qui se posera maintenant est de savoir dans quelle mesure les modalités régissant l’usage des applis en question permettent ce genre de pratiques. À tout événement, pas besoin d’une boule de cristal pour envisager des actions collectives éventuelles à ce sujet.