Pas de doute, les criminels démontrent une créativité sans borne quand vient le temps de dégager un profit illégal en ligne. Dernier exemple en lice: être victime de vol d’identité en se faisant faussement désigner comme auteur d’un livre publié en ligne. Imaginez recevoir un relevé fiscal (légitime) d’un détaillant en ligne déclarant que des redevances de publication (d’un montant substantiel) vous ont été payées pendant l’année qui vient de s’écouler. Eh oui, il semble que vous êtes peut-être auteur sans même le savoir!
Contrairement au schème classique de vol d’identité, plutôt que d’utiliser l’identité d’une personne pour lui subtiliser de l’argent, l’arnaque en question positionne les « victimes » pour recevoir de l’argent. L’explication de cette anomalie est vraisemblablement la suivante ; vous verrez, c’est moins surréaliste que cela ne paraît à première vue.
La combine dont parle récemment un billet du blogue de KrebonSecurity est un peu tordue, mais, semble-t-il, bien réelle. Le stratagème en question passe par la création d’un compte d’auteur sur une plateforme d’édition (comme Createspace ou Amazon), sur laquelle on publie un pseudo livre à ce nom. Le titre et le contenu du livre en question n’ont aucune importance et pourront souvent se limiter à une série de mots à la file les uns des autres – aucune importance. C’est la première étape du stratagème.
Une fois le compte créé et le livre publié en ligne, les criminels créatifs à l’œuvre utilisent alors des numéros de cartes de crédit volées pour acheter des exemplaires de l’œuvre en question en ligne. Puisque les cartes sont volées, le coût d’achat de ces exemplaires inutiles s’avère nul pour eux. À l’inverse, pour l’éditeur (Amazon, par exemple), de réelles transactions sont survenues sur le titre en question, ce qui en retour implique que le pourcentage de redevances (60 % chez Amazon, par exemple) doit alors être versé à l’« auteur ». Si le livre se vendait 400$, par exemple, l’éditeur paie alors 240$ à l’auteur (fictif), dont l’identité a été usurpée. Les malfaiteurs peuvent alors empocher ces redevances, puisqu’ils ont suffisamment d’éléments de l’identité de la victime pour recevoir des paiements à son nom. Pour un coût minime, ces criminels empochent donc quelques milliers de dollars pour chaque titre bidon publié ainsi au nom d’auteurs réels, mais involontaires. C’est du moins l’explication la plus plausible de ce qu’implique cette pratique inhabituelle.
On comprendra qu’une telle manœuvre peut aisément servir de façon de faire du blanchiment d’argent ou de la fraude fiscale… ou autre.
Le problème pour la victime, c’est notamment que si la transaction est rapportée aux autorités fiscales (par l’éditeur), l’individu dont l’identité a ainsi été usurpée peut faire face à une réclamation pour des impôts applicables à des revenus qu’il ou elle n’a pas réellement touchés. Contrairement au schème normal du vol d’identité, le problème peut donc mettre un moment à se manifester. En pratique, il semble que les individus faussement déclarés comme auteurs découvrent souvent le pot aux roses lorsque l’éditeur (comme Amazon) leur fait parvenir un relevé de paiement de redevances délivré à des fins fiscales. Les individus doivent alors contacter l’éditeur afin de nier être la personne qui a touché les sommes en question, etc.
Les éditeurs comme Amazon commenceraient d’ailleurs à réaliser l’existence d’un problème à ce sujet et auraient récemment avisé le public que : « Anyone who believes they’ve received an incorrect 1099 form or a 1099 form in error can contactus1099@amazon.com and we will investigate ».
Comme c’est souvent le cas, la clé pour permettre ce type d’arnaque implique la détention par les malfrats du numéro d’assurance sociale de la victime. Ce numéro est nécessaire pour accomplir ce larcin parce que les éditeurs exigeront souvent d’avoir le numéro d’assurance sociale d’un individu avant de s’engager à lui verser des redevances. Au final, le mot d’ordre au sujet de cet élément clé de votre identité demeure donc de le protéger jalousement, en ne le divulguant que lorsque réellement nécessaire.
Gare à ceux qui pourraient vouloir faire de vous un auteur contre votre gré! Surréaliste, mais vrai!