On rapportait récemment le dépôt de toute une série de nouveaux projets de loi, aux États-Unis, visant à tenter d’endiguer le problème (relativement) nouveau de l’hypertrucage (ou «deepfakes», en anglais), ces vidéos de synthèse combinant différents éléments afin de camper une personne identifiable (habituellement connue) dans une scène à laquelle elle n’a pas originalement participé. La cible peut sembler avoir posé certains gestes ou prononcé certaines paroles, le tout dans un format vidéo.
Un exemple? On mettait la vidéo montrée ici en ligne l’an dernier, dans laquelle le fondateur de Facebook semblait admettre avoir un contrôle machiavélique sur les renseignements des usagers. Il s’agit d’un exemple de ce que permet cette technologie.
La technologie, notamment l’IA, en arrive en effet rapidement à un point où il devient possible de surimposer le personnage dans une séquence vidéo, en ajoutant le visage d’un tiers, par exemple. Longtemps demeurée du domaine de la science-fiction, cette possibilité est dorénavant un fait. Sans grande surprise, l’une des premières utilisations de ce genre de capacité technologique a été dirigée vers les vidéos visant un auditoire adulte (disons), bien qu’on commence aussi à voir d’autres usages. Le caractère immoral ou dangereux de ce genre de trucage a évidemment de quoi déranger, ce qui n’empêche pas son utilisation à de plus en plus de sauces, dans des vidéos ensuite disséminées en ligne.
De nombreux États américains sont déjà en train d’étudier des projets de loi visant à encadrer le phénomène et son utilisation. Trois États (la Californie, la Virginie et le Texas) auraient d’ailleurs déjà légiféré à ce sujet. Les lois à ce sujet peuvent (et pourront) évidemment varier quant à ce qu’elles visent, permettent ou interdisent. La loi en Virginie, par exemple, ferait du fait de surimposer le visage d’un individu (sans son consentement) dans une vidéo pornographique une forme de «revenge porn». Au Texas, on interdirait l’usage de l’hypertrucage dans le contexte électoral, etc.
Au niveau fédéral américain, on serait d’ailleurs à étudier non pas un, mais quatre projets de loi sur le sujet.
À ma connaissance, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de projet de loi canadien équivalent.