À la fin des années 1950, on invente un «common business-oriented language» (dont l’acronyme COBOL perdure à ce jour), aux fins des applications de gestion de l’administration américaine. Eh bien, 60 ans plus tard, il semble que non seulement le nom demeure, mais le langage lui-même est encore utilisé dans une multitude d’applications de type «système hérité» («legacy») exécutées sur des ordinateurs centraux («mainframes»). Oui, il en demeure, notamment dans plusieurs systèmes gouvernementaux et dans le système financier.
On apprenait cette semaine que l’administration américaine de certains États (dont le New Jersey) traitant les demandes de chômage est actuellement confrontée à une pénurie de programmeurs COBOL pour faire fonctionner ses systèmes. Pour répondre à un nombre élevé de demandes d’indemnités de chômage (liées à la COVID-19), il semble que des programmeurs retraités reviennent au front afin d’aider le gouvernement à faire face aux problèmes actuels des systèmes.
Le nombre démesuré de demandes de chômage aurait en effet surchargé des systèmes peu habitués à autant de demandes. Des retraités viennent donc à la rescousse pour composer avec le problème auquel sont confrontés les gouvernements de plusieurs États, dont le Connecticut.
Fait intéressant, aux États-Unis, en plus de nombre d’agences gouvernementales, il semble que l’industrie des services financiers demeure elle aussi une importante utilisatrice continue de programmes en COBOL. En fait, selon un rapport de Reuters, presque la moitié des programmes du système bancaire américain utiliseraient toujours le COBOL en arrière-plan, mais aussi dans les terminaux de paiement, etc. Difficile à croire, mais c’est, semble-t-il, la réalité.
La chose est amusante, jusqu’à ce que l’on comprenne collectivement qu’en continuant à se fier à des systèmes «legacy» pareils, on risque de frapper un jour un mur, quand tous les programmeurs compétents en COBOL auront pris leur retraite, comme c’est largement déjà le cas. Le dicton «If it ain’t broke, don’t fix it» a du bon, mais il vaudrait peut-être mieux réaliser que tout finit par se briser, même l’intangible.